Karine Saporta
Pour la reprise de Tam-Taï, Karine Saporta s’associe à des musiciens asiatiques qui  perpétuent la tradition taoïste des gongs et autres percussions envoûtantes.
Extrait de Tam-Taï de Karine Saporta © Arte France / Bel Air Media / Eric Darmon
  
Depuis le début  des années 2000, je sillonne le monde, croisant de nombreuses cultures pour  vérifier mes intuitions sur une théorie de la composition rythmique que j’élabore  patiemment.
Tel est mon  Sphynx.
  Celui que j’interroge  quotidiennement sur les énigmes de mon art et qui se nomme le rythme.
Mue par une  curiosité insatiable et un désir de repousser sans relâche les confins de mes  possibilités compositionnelles, je ne cesse d’élaborer des hypothèses. J’invente  des systèmes et des figures savantes comme pour découvrir en creux des formules  transcendantes. Secrets cachés dans la matière et dans la vie qui se révéleraient  à force de travail. De recherche.
Je m’oblige à  comprendre ces emprunts que l’art ne peut manquer de faire à l’ordre du vivant.  Et par-delà…
Je scrute tout  ce qui, inerte ou vivant, procède d’une logique de la “composition”.
J’analyse tout  ce qui, inerte ou vivant, se maintient également dans une relation dialectique  implacable avec les principes, inexorables et impérieux de la “décomposition”.
Tout cela est  question de rythme.
Fin 2012, je  suis allée chercher le grand maître des formules rythmiques (taoïstes et  aborigènes mêlées) que j’ai toujours rêvé de rencontrer, Shih Hsieh.
C’est retirée  auprès de lui dans ce “village de musique” dont il est l’illustre fondateur à  Tainan, au Sud de l’ile de Taiwan, au sein d’une ancienne sucrière, que j’ai  travaillé pour élaborer la partition de Tam-Taï.  J’ai également répondu à une commande (danse  contemporaine hip-hop) du festival Suresnes Cité-Danse.
La venue à la  Cité de la musique du Ten Drum Art Percussion Group est en soi un événement. Son  influence majeure en Asie n’avait jamais encore pu pénétrer la capitale. 
En outre,  l’association de la musique et de la danse dans l’univers visuel du spectacle  exerce un fort pouvoir de fascination. Il sera passionnant de les découvrir  dans ce cadre.
Pour cette création,  la compagnie intègre un certain nombre de danseurs hip-hop aux origines  asiatiques multiples.
Leur fluidité  inégalable vient sans doute du fait qu’ils sont rompus tout autant à la  pratique du kung-fu et du tai-chi qu’à celle de la break dance. Celle-ci  confère à des styles que l'on croyait connaître la capacité de nous surprendre  encore.
Karine Saporta
Photo : Compagnie Karine Saporta © Laurent Philippe