Quelles influences avez-vous reçues
des maîtres du lied ?
J'ai grandi avec Dietrich Fischer-Dieskau, Fritz
Wunderlich, Peter Schreier, Hermann Prey,
Elisabeth Schwarzkopf et Christa Ludwig. Mon
professeur à la Hochschule de Francfort, Martin
Gründler, possédait également une grande expérience
en tant que chanteur de lieder, répertoire
qu'il adorait et qu'il nous enseignait. J'ai donc
été influencé par tous ces grands chanteurs (car
selon moi, on écoute les enregistrements et puis
on adapte quelque chose), mais je pense que le
plus important pour les jeunes chanteurs est de
trouver leur propre voie dans l'interprétation d'une
mélodie ou d'un cycle de mélodies ; cela veut dire
que la vision personnelle des émotions à exprimer
dans une mélodie est d'une haute importance
parce que c'est ce que le public veut voir.
Préférez-vous interpréter les lieder avec
le même pianiste ?
J'ai abordé le lied avec Michael Gees vers
1985, et notre collaboration se poursuit jusqu'à
ce jour ; c'est donc un de mes très proches amis
musiciens et je pense que je ferai des concerts
avec lui jusqu'à ma mort [rires]. C'est une forme
de partenariat qui compte beaucoup pour moi.
Et cela a été la même chose avec Andreas Staier,
que j'ai rencontré un peu plus tard ; notre collaboration
s'est terminée il y a deux ans, mais c'était
aussi un partenariat musical très fort. Aujourd'hui
cependant, depuis une dizaine d'années, je me
rends aussi compte que si l'on connaît très bien
certaines pièces, on peut encore apprendre et
vivre des expériences musicales de façon plus
marquante avec un nouveau partenaire, parce
qu'il apporte une autre vision de la musique et
du texte. J'ai donc quelques autres pianistes
comme Julius Drake, Malcom Martineau,
Menahem Pressler, Hilko Dumno, Helmut
Deutsch ou Wolfram Rieger ; et si vous prenez
suffi samment de temps pour parler de la musique
et pour répéter, c'est vraiment une expérience
formidable d'avoir d'autres partenaires.