Un événement Cité de la musique


Rameau

Rameau : grands motets

« Si je n’étais pas Rameau, qu’aurais-je de mieux à désirer que d’être Mondonville ? » Pierre-Louis Daquin

In Convertendo par les Arts Florissants.

Il aurait été impossible pour Les Arts Florissants de fêter Rameau sans proposer un programme de musique sacrée, tant les trois grands motets du compositeur ont marqué l’histoire de l’Ensemble.

Le grand motet fut la plus importante forme de musique sacrée française des XVIIe et XVIIIe siècles. Ses illustres représentants furent Lully, Charpentier, Lalande et surtout Du Mont qui contribua largement au développement du genre par l’ajout d’accompagnements instrumentaux indépendants des voix. On distingue deux sortes de motets, le motet à grand chœur pour un grand effectif pouvant réunir plusieurs chœurs, solistes et orchestre, et le « petit motet », une pièce plus intime réunissant un ou plusieurs chanteurs avec quelques instruments de dessus et basse continue. Les motets étaient interprétés dans toutes les églises ou cathédrales du royaume de France, sur le modèle de la messe basse solennelle du roi constituée de trois motets. Les textes latins des grands motets étaient le plus souvent tirés des psaumes ou des cantiques. Ceux des petits motets étaient tirés des textes spécifiquement catholiques.

Le style contrapuntique du début du XVIIe siècle laissera la place à un style plus concertant à la fin du siècle. Le modèle créé par Du Mont influencera la génération suivante dont Charpentier et Lalande furent les plus illustres représentants : grande variété de textes, effectifs variés, utilisation du chromatisme, influence italienne dans l’écriture, nombreux effets de contraste, grande place accordée aux solistes et à l’orchestre… Enfin Rameau et Mondonville donneront au grand motet un souffle nouveau grâce au génie de leur écriture, la virtuosité des cordes et des voix et les effets dramatiques audacieux qui préfigureront la symphonie à thème.

Tout au long du XVIIIe siècle, le grand motet remporta un vif succès grâce à sa diffusion hors de la cour. Ainsi, le fameux Concert Spirituel proposait régulièrement au public d’entendre certains de ces grands motets qui dominaient la programmation de l’association. In convertendo Dominus de Rameau y fut notamment joué en 1751 dans une version remaniée. Ce grand motet est consacré à la captivité des Juifs à Babylone et Quam dilecta – du même compositeur – à l’évocation du tabernacle de David qui a abrité l’arche d’alliance. Quant aux grands motets de Mondonville (1711-1772), ce programme propose d’entendre Dominus regnavit, représentant un épisode de la création du monde, et In exitu Israel, décrivant l’exode des Juifs hors d’Égypte.

Quelques extraits

  • Clavecins

    Deus noster refugium

    Les Arts Florissants

  • Mondonville

    Dominus regnavit

    Les Arts Florissants

  • Mondonville

    In exitu Israel

    Les Arts Florissants


Photo : Sir William Christie © Denis Rouvre